Mes chers amis,
Nous voici réunis, en ce 19 mars, pour rendre un hommage, aux victimes de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Cette date, vous le savez, a été choisie en référence au cessez-le-feu des accords d’Evian, du 19 mars 1962
En dépit de ces accords, les massacres, les exactions, les actes terroristes perdureront encore pendant de nombreux mois. Les victimes seront multiples : les Harkis qui avaient choisi la France, les « Pieds-Noirs » condamnés à abandonner leur terre ou à y mourir, nos soldats, les appelés du contingent et toutes les victimes civiles, hommes, femmes, enfants.
Mais, malgré tout cela, la France a compris et accepté, que comme tout peuple, les algériens aient le droit à disposer d’eux-mêmes. A eux, aujourd’hui, d’écrire leur propre histoire, à eux de se battre pour leur liberté et à eux de choisir leur destin.
Je voudrais à ce propos évoquer un souvenir personnel. J’allais avoir 6 ans et sur la table de la cuisine était ouvert un Paris-Match. En regardant les photos en noir et blanc, ma mère avait eu cette exclamation « enfin ! mon petit n’ira pas à la guerre ».
Moi je me trouvais bien petit, en effet, et j’imaginais qu’il y aurait beaucoup d’années avant la guerre.
Ce fut le cas, les années ont passé et sa prophétie semble s’être réalisée. Je fais partie des générations, comme beaucoup d’entre nous, qui n’ont pas connu de guerre. Même si en 60 ans notre armée a été projetée sur des territoires d’opérations extérieures où certains de nos militaires y ont laissé leur vie, la guerre nous a épargné.
Depuis, à chaque commémoration où nous honorons nos « Morts pour la France » nous sommes rassurés de vivre libres et en paix, même si régulièrement nous devons rajouter quelques noms sur nos monuments.
Nous vivons en paix et nous nous y sommes habitués, comme si cela était en fait naturel, ordinaire, comme si cela nous était dû. Parfois nous oublions le sacrifice de nos anciens pour cette liberté et cette paix. Souvent nous oublions combien la démocratie est fragile face aux intégristes, aux fanatiques ou aux dictateurs.
Après avoir mené pendant deux ans une fausse guerre contre un virus, voilà qu’une guerre, une vraie, est en cours sur notre continent et menace de l’embraser tout entier.
Nous souhaitons tous, bien sûr, qu’elle s’arrête le plus rapidement possible, mais ne soyons pas candides. Il vaut mieux, hélas, nous préparer à des temps difficiles.
Il nous faudra peut-être avoir froid, avoir faim, nous priver de ce qui fait notre confort pour préserver notre liberté.
Je ne sais pas ce que sera demain, mais je sais, comme le disait Jean paul Sartre que parfois « la violence est nécessaire pour faire cesser la violence ». Alors ne détournons pas le regard sur ce qui se passe en Ukraine, car nous ne préserverons pas la paix par l’indifférence, la soumission ou le renoncement à nos valeurs. Regardons et soutenons le peuple ukrainien qui sans le savoir, défend avec sa liberté, aussi un peu la nôtre.
Aussi, je vous propose qu’après la minute de silence pour honorer nos soldats Morts pour la France nous respections une deuxième minute de silence en hommage, aux hommes, femmes et enfants ukrainiens qui meurent en ce moment pour leur droit à disposer d’eux-mêmes.
Je vous remercie. »
Discours d’Alexandre VIGNE, Maire de Lanuéjols